Inscrit depuis longtemps a ce raid, le jour J est enfin là, mais voila, je n'ai pas assez mesuré la difficulté de cette épreuve surtout à vélo couché, bref, le départ est donné à 21h, nous sommes 27 sur 37 inscrits a prendre le départ, le peloton reste groupé jusqu'au pied du Pic de Nore, nous sommes 2 vélos couchés en queue, a l'approche du Pic de Nore l'orage éclaire le ciel mais pas d'eau, le dernier km est dans un brouillard très épais, je ne vois plus la route, j'aperçois des lumières, ce sont 2 auvergnats qui enfilent le kway, je n'avais même pas vu que j'étais au sommet, vite je me lance derrière eux, je roule dans l'herbe à 2 reprises, je ne vois rien! Ouf 1 km plus bas le brouillard a disparu, mes 2 auvergnats vont me larguer dans le col de la Croix de Sous, je monte péniblement, le repas du soir tente une sortie, il pleut l'orage gronde puis un éclair très violent en même temps le tonnerre, je suis aveuglé, je pense mon Garmin éteint et plus de lumière a mon phare, grosse panique, en fait je suis resté 10 secondes aveuglé, je suis en panique il n'a pas du tomber loin. Je file dans la descente il pleut fort et l'orage disparaît. Plus de force dans les jambes, je vois un panneau Carcassonne, c'est bon je rentre. Terminé pour moi. C'est Bribri qui va être soulagé de me voir rentrer à 2 h du mat.
Photos
Nous faisons plus ample connaissance avec les engagés dans cette galère ( on ne s'en doute encore pas)
Bertrand a tout prévu, le plat de pâtes en terrasse a 2 pas de la permanence.
Un solide au premier plan, dans les 3 premiers.
Bertrand a embauché un speaker, il est au top.
Les 4 auvergnats, un seul ira au bout Irvin, les 2 autres moins aguerris n'ont pas démérités. Et moi heu!!! kes que je fous là.
Et dire que seulement 10 seront finishers. Non seulement nous allons tous prendre l'orage mais ensuite un gros vent de face et là bas c'est pas du vent d'Auvergne, faut être solide.
Départ devant la porte Narbonnaise
Le lendemain avec Bribri nous filons à Quillan au km 350 ou un conséquent ravito attend.
Toute la famille de Bertrand est sur le pont, les parents, l'épouse, leurs 2 filles + les cousins, ils répondront a toutes les demandes, de vrais pros.
En fait je ne regrette plus mon abandon, je vais enfin voir les solides, ils commencent à être bien entamés, le vent fait des dégâts pourtant le plus dur est a venir.
Un petit somme qui a duré 5 mn et c'est reparti, mais comment font ils? Tout ca pourquoi? pour rien, ils repartiront avec une casquette et une bouteille de vin et content d'en avoir fini, c'est clair, c'est pas des fouteux, ils ne recherchent pas la gloire seulement le plaisir de l'effort gratuit. On ne parlera pas d'eux dans le journal, pourtant combien sont ils capable d'en faire autant? une poignée.
Voila un second groupe, je suis super content de voir Irvin un peu entamé, normal mais je suis absolument certain qu'il ira au bout, c'est sa première longue distance, il n'a pas choisi la plus facile, quand on pense que tout ce petit monde était encore au boulot la veille. Dés l'arrivée après quelques heures de repos tout le monde repart pour retourner au boulot, certains en train, d'autres en voitures sur Lyon, Bordeaux, Perpignan, Clermont Ferrand, Baptiste en Corréze!
Chapeau Irvin, tu m'épates, une vraie machine.
En fait a par tes pneus, tout va bien hi hi.
Le guerrier se prépare a repartir après une petite heure de repos.
Baptiste, un sacré jeune, tout juste 27 ans, il part sur des trucs la fleur au fusil, pas de vêtement de pluie, le strict minimum. Il n'était pas en bon état, mal a un genou les copains l'ont motivé, il est reparti. Indestructibles ces mecs, pas une plainte.
Le mécano a l'oeuvre, ils ont tout prévu même la station de graissage.
Le second groupe de 6 sur le départ avec Bertrand qui va pratiquement faire tout le boulot ( il va dire que c'est pas vrai mais Irvin m'a confirmé)
Les parents de Bertrand très impliqués dans l'organisation, le papa a 3 PBP a son actif, pas étonnant que le fils marche. Yvette la maman a du se lever tôt ce matin, quelle motivation.
Après la seconde nuit je file a la permanence en espérant voir les premiers, je tombe sur Cyssou qui a fini autour de 5h du mat avec ses 2 collègues, il me dit avoir trouvé le parcours difficile ( je ne risquais pas d'arriver)
Dans la matinée arrive le groupe Bertrand, ca y est c'est fini, un sacré bonheur!
672 km , j'ai vu des garmin affichés 8400m de dénivelé, même s'ils sont un peu optimistes il devait bien y avoir 8000.
8 arrivants, 2 autres vont suivre dans les délais, ils finissent seuls a quelques mn l'un de l'autre, un sacré mérite les gars.
Je discute un moment avec Jean ( au milieu) il va s'endormir en me parlant!
Maxime, chemisette et short, mais qui dirait qu'il vient de faire 672km, même pas de cuissard et pas mal aux fesses ou si peu, ils sont incroyables.
Quelle famille, des gens simples toujours prêts a rendre service sans attendre de retour.
Dans l'attente des derniers, une jeune fille demande de l'aide, dérailleur cassé, elle vient de Barcelone et se dirige sur la Dordogne avec un vélo que je ne prendrais même pas pour aller chercher le pain hi hi. Le neveu de Bertrand apporte la caisse a outil, change le dérailleur avec quelques difficultés, il a fallu tarauder le cadre, et tout ca avec le sourire, quand je vous dis qu'ils sont exceptionnels
La réparation se termine, la jeune fille ( Camille) va repartir contente.
Et le dernier homologué, on discute, j'admire le calme de ce cycliste, il est tout souriant et content, bravo, jamais je n'aurais pu boucler ce parcours.
Un parcours exigeant fait pour des solides, à vélo couché je ne pense pas que soit possible du moins pas en 40h, j'ai su que sur la fin un bon paquet de bosses à 17 %, moi c'était à pied!
Avec ma Bribri nous avons passé 2 journées super, côtoyé la gentillesse et la simplicité, et des cyclistes d'une grande modestie.
Bravo
Récit d'un Rider arrivé dans les 3 premiers
ERB11 édition 1
J’ai découvert cette épreuve par hasard au travers d’un forum.
Après le PBP l’an dernier qui m’a donné goût à la longue distance et au roulage de nuit, je me dis que c’est l’occasion de rempiler pour une belle promenade chez nos voisins Audois.
Entre temps, je m’inscris à la BTR et oublie un peu cet ERB11, pensant m’inscrire au dernier moment puisque ne sachant pas trop comment j’allais récupérer de Vézelay-Barcelone.
Un petit tour sur le site quelques temps plus tard et je m’aperçois que les inscriptions sont closes ! Mince…
J’envoie un mail à Bertrand, organisateur de ce tour de l’Aude, qui gentiment me rajoute sur la liste des inscrits. Le premier contact par mail m’a montré d’emblée à quel point le personnage est passionné et ultra sympathique.
La BTR s’étant bien passée et ne m’ayant pas trop laissé de séquelles (à part deux doigts !), je suis confiant pour cet ERB qui sur le papier est quand même plus « facile ». Le seul truc qui me chiffonne, c’est la météo qui nous attend : les prévisions sont mauvaises avec des orages, de la pluie et du vent annoncés.
Une sortie d’une centaine de kms quelques jours avant histoire de se dégourdir les jambes et me voilà en voiture pour Carcassonne vendredi en fin d’après midi.
Etant un peu en retard sur ma prévision d’arrivée, je me rends à la cité directement.
Tout le monde est déjà présent et Bertrand m’accueille chaleureusement. Un petit passage devant le speaker permet aux participants de se présenter.
Sur 37 inscrits, nous sommes seulement 27 au départ.
21h00, tout le monde s’élance pour cette première édition. Sortis de la ville, on se retrouve à trois pour entamer ce périple.
Pour l’instant, tout va bien, le ciel est chargé mais il ne pleut pas, la température est agréable et le niveau du groupe est homogène.
L’ascension du pic de Nore se fera sans grande difficulté mais un brouillard épais nous accompagnera dans les derniers kilomètres , à tel point que je dois me repérer au GPS pour anticiper les virages ! Le pic ne trahira pas aujourd’hui sa réputation.
Photo, coupe vent puis redescente prudente en croisant les autres participants qui montent.
La descente nous réservera une agréable surprise puisqu’une biche nous accompagnera durant une dizaine de mètres.
La traversée du Minervois jusqu’à la côte sera pénible : alternance de pluie et d’accalmies mais avec en permanence une route trempée et un vent, bien que favorable, usant car latéral par moments.
Photo aux Cabanes de Fleury, on en profite pour recharger en eau puis on attaque quelques kilomètres avec 90 km/h de vent de face avant de bifurquer vers le sud.
Je commence à être bien entamé à cause de cette météo qui ne nous épargne pas.
A Narbonne, je laisse mes compagnons de route filer et je m’octroie une pause. Je n’ai plus de forces, je suis fatigué et mentalement au plus bas. Dans ma tête, je file jusqu’à Port La Nouvelle et je prends le train pour rentrer. Je connais la suite et la perspective de rouler 50 ou 60 kms contre le vent ne m’enchante guère, surtout dans mon état de fatigue.
Je repars un peu mieux et reprends Laurent et Cyrille qui se sont arrêtés quelques kilomètres plus loin. Ils me motiveront pour poursuivre.
A Fitou, pause dans un point chaud où on dévalise presque le stock de pains au chocolat !
Cet arrêt m’a vraiment requinqué et c’est le ventre plein et le moral au plus haut que l’on reprend notre route contre une tramontane à 90 km/h.
Col de Feuilla, Tuchan, la progression est lente et on y laisse pas mal de jus. On décide donc d’un arrêt supplémentaire à Duilhac de Peyrepertuse dans une épicerie afin de prendre des forces pour rallier Quillan où se trouve le ravitaillement.
La suite est un peu plus abritée du vent mais la succession de petits cols commence à bien marquer les corps. Cyrille n’est pas bien depuis quelques dizaines de kms mais il s’accroche et serre les dents. Mes deux compagnons du jour sont des guerriers au mental d’acier, c’est vraiment plaisant et instructif de rouler avec eux, d’autant qu’ils ont de l’expérience dans les longues distances.
Quillan nous accueille enfin. Nous sommes à mi-parcours seulement et le plus dur reste à faire : les Pyrénées Audoises et la montagne noire pour terminer.
Alors là je dois dire que j’ai été bluffé par le ravitaillement !!! Un buffet gigantesque, une variété dans les plats (faits maison !!) proposés, et un accueil exceptionnel.
Les organisateurs sont aux petits soins, souriants, gentils. Bref, on sent qu’ils sont vraiment passionnés par ce qu’ils font.
Ma chérie devant me retrouver vers Chalabre, je décide de repartir tout seul, laissant mes deux comparses se reposer un peu plus. Ils me rejoindront plus tard.
L’ascension vers Roquefort de Sault est magnifique : une petite route très peu fréquentée mais avec un beau pourcentage moyen. Après plus de 350 kms, elle calme un peu quand même ! Je continue sous une bruine pas trop dérangeante et entame, après le col de Garavel, la remontée vers le plateau de Sault. Je suis en retard sur le planning fixé au départ, à savoir terminer en 27h00. Tant pis, j’étais à deux doigts d’abandonner, donc c’est déjà bien d’être là !
Une descente rapide m’emmène au pied du col des sept frères. Je suis encore loin de Chalabre et Adeline décide de s’avancer à ma rencontre vers Belcaire. Ce col, je m’en souviendrai ! Non pas qu’il soit dur, mais la fin est interminable ! Une sorte de faux plat montant usant qui dure quelques kilomètres alors qu’on croit être arrivé au sommet.
Une petite parenthèse coup de gueule en passant pour les concurrents de l’Ariègeoise (qui se déroulait le même jour) : ce sont de véritables porcs ! J’ai découvert une route jonchée de détritus : emballages de barres, tubes de gel…. C’est vrai que remettre dans sa poche un emballage, ça prend vachement de temps ! Ces comportements sont intolérables et c’est en partie à cause de ces gens là que je ne fréquente plus trop ce genre d’épreuves.
Bref, je rejoins Adeline et ses parents quelques kilomètres plus loin pour un arrêt bienvenu : je viens de passer plus d’une heure sous la pluie et dans le froid.
Ils m’ont apporté un maillot propre (le mien est trempé) et de quoi manger.
Je me pose une bonne demi-heure histoire d’attendre Cyrille et Laurent, qui arrive finalement tout seul.
Cyrille n’a pas encore bien récupéré et Laurent a préféré tracer pour ne pas se refroidir et attraper mal.
Nous poursuivons donc jusqu’à Chalabre pour un arrêt au bar recommandé par Bertrand dans son Road book. Cyrille nous rejoins peu après.
La suite nous met en confiance : le Lauragais c’est plat, on va pouvoir se refaire un peu avant d’attaquer la montagne noire en dessert.
Alors le Lauragais en fait, ce n’est pas plat du tout. La seule route plate, c’est celle qui relie Castelnaudary à Toulouse, le reste est vallonné, mais plus du genre vallonné usant que vallonné tranquille, surtout après plus de 450 kms !
Cette partie là on l’a vécue comme un enfer : une succession infinie de courtes montées aux forts pourcentages et surtout l’impression de tourner en rond (« mais on n’est pas déjà passé là tout à l’heure ? »). La moyenne s’en ressent et on n’avance pas.
Le passage du canal du midi est un soulagement, on va enfin entamer la dernière partie !
La fatigue commence à se faire sentir et les pauses se multiplient : un arrêt de bus, un morceau de pelouse, tout est bon pour dormir un peu. C’et plus prudent car en descente, les trajectoires deviennent de plus en plus aléatoires, et à 50 km/h, le risque est trop grand de se sortir. D’ailleurs avec Cyrille, on n’est pas passé loin de la chute à cause d’une bestiole qui a traversé entre nous deux.
Paradoxalement, la fin m’a semblée moins dure que le Lauragais alors que sur le papier, il y avait plus de d+.
Nous arrivons enfin au terme de ces 675 kms à l’entrée de la cité, fatigués mais très contents d’avoir vaincu ce parcours.
Je tiens particulièrement à remercier Bertrand et sa famille pour leur accueil vraiment exceptionnel. Des passionnés comme eux, il n’y en a pas beaucoup et c’est vraiment un honneur pour moi d’voir participé à cette première.
Je remercie aussi mes deux compagnons de route, Laurent et Cyrille, pour leur bonne humeur tout au long de cette épreuve. J’espère sincèrement qu’on aura l’occasion de rouler ensemble à nouveau.
Un énorme merci à ma chérie et à ses parents pour être venus me soutenir et me ravitailler. Je les ai fait attendre pendant des heures….
Et en conclusion, j’ai été surpris agréablement par la difficulté de cette épreuve. Les conditions météo y ont contribué mais aussi certaines portions très peu roulantes.
Enfin, je trouve que l’état d’esprit général est vraiment génial. Il y a une solidarité formidable entre les participants, pas de prise de tête, pas de plaintes. Juste des gens simples et humbles qui ne se prennent pas la tête.
Merci !